Zut alors, si le soleil quitte ces bords.
A.Rimbaud




Pour m'éviter d'écrire dans le désert laissez donc ici votre commentaire ...



dimanche 20 décembre 2009

Selon

Je croyais que vous étiez un saint disait la petite fille dont on était amoureux. Elle voulait dire quelqu'un qui ne pouvait pas tomber amoureux.

Enfants, on n'aimait pas les adolescents, pris dans un filet de secrets et d'intrigues incompréhensibles.

Gagner chaque jour une minute sur le trajet du lycée à la maison. Sur six kilomètres, c'est possible. Mais pas indéfiniment.
Chaque rue transversale est murée par un pan de mer gris-bleu.
Tentation de prendre la corniche, mais adieu le record.
Voici la mort du jour. Atteindre vite la lumière jaune de la maison.
Le lien est fort. Tout retard est mesuré.

Au lycée, Taravant prétend se fabriquer un style. Pourquoi ? Projet sans substance.

S'accorder au temps des canards et des poissons.
Couché dans l'étang, l'arbre abattu persiste à feuillir.
Le guet retarde l'heure.
Plénitude de la vie sauvage.

Un ami de mon père voudrait remplacer le papier-toilettes par des billets de banque pour piéger ceux qui les mettraint dans leur poche au lieu de s’en servir.
Il raconte avec gourmandise ses conquêtes de très jeunes filles.
Il s'affirme de gauche, c'est flatteur.
Il est riche, polytechnicien et ne travaille pas.
Aujourd’hui, on le traiterait de Bobo.

Les couples se formaient on ne savait comment. Le costaud était supplanté par l'étudiant : des menaces dans l'air.
Les filles jouaient leur rôle de plaire aux garçons, dans l'attente du grand amour.
Les garçons rêvaient de mobylettes.
On n'imagine pas la paix que c'était.

Dans ce rêve, je ne suis que l'employé de cette femme manitou.
Mais au sortir d'un conseil d'administration, entre deux portes, elle me prend la main en cachette. Un courant d'érotisme nous acoquine. Alliance du sexe et du pouvoir.

Que personne n'enlève cet arbre couché dans l'eau, dont les branches feuillues abritent les poissons.
Comme l'an dernier, les tanches de bronze croisent entre les nénuphars, dans la plénitude de leur être.
La maman cane longe les rives, suivie de huit canetons affairés.

Les grognements de cette femme, dans la chambre d'hôtel à côté de la mienne. Je l'ai vue la hier soir ; on dirait un vieux rat frisé.
Ces geignements du matin, c'est toute la rancœur d'une vie sans amour.
Et lui, brave type : "ne gémit pas, il fait beau; nous allons visiter le port." Puis, consterné : "comme tu as changé".
Les rayons du soleil n'arrivent pas aux cœurs désenchantés.

Ce grand échalas, au seuil de la débilité mentale : long nez, grandes oreilles, bras interminables qui battent jusqu'à ses genoux comme les ailes d'un cormoran mazouté. "Ils m'ont pris mon vélo... Ils m'ont pris mon vélo..."
Que de gens malheureux.

Maintenue au bord du temps par la cristallisation des voix, des visages et des comportements, la vie de bureau était comme une pièce de théâtre à laquelle un metteur en scène invisible n'apportait jour après jour que d'infimes retouches. Evoquant leurs débuts, les anciens disaient "c'était hier". C'est qu'en réalité, leur vie professionnelle n'avait été que la répétition d'une même journée, figée maintenant dans leur histoire.

Son meilleur ami était sur le point de mourir. Délaissé par une femme dépressive, il agonisait dans la solitude.
Hubert entra dans sa chambre et se pencha sur son visage qui lui apparut transfiguré de reconnaissance.
"J'étais sûr que tu viendrais." Et, dans un élan d'abandon et de confiance infinis : "tu savais que j'étais amoureux de toi ?"
"Oui" répondit Hubert. "Je t'aime aussi tu sais, mais différemment." Puis il lui caressa les cheveux et couvrit son visage de baisers. Délivré du secret de sa vie, l’ami très cher mourut dans un sourire.

"Y a des cousins qui sont venus m'emmerder" raconte le vieux pêcheur pour qui toute journée sans pêche est un enfer.

Plus formée que ses camarades, ni belle ni laide, Paulo avait quelque chose de fini qui faisait d'elle, dans notre imagination, une aînée de bon conseil, hors du champ des tourments amoureux. La petite Claude, au contraire, si juvénile et discrète, enchantait nos plexus solaires d'une torture sentimentale. Nous la jouions plusieurs fois par jour au ping-pong en des duels incantatoires. Nous acceptions de mourir -pas tout de suite quand même- pour voir un film à côté d'elle, main dans la main, joue contre joue.
Paulo recevait nos confidences avec une inquiétante neutralité.
Claude nageait très mal. A chaque brasse, son derrière émergeait comme le dos d'un dauphin, ce qui faisait rire aux larmes ses amies. Loin d'altérer notre amour, ce handicap nous semblait une maladresse touchante dont nous rêvions de la guérir par des conseils secrets.

L'inventaire heureux de la gamme infinie des couleurs peut durer des millions d'années, comme la suite interminable des nombres.

Surprendre la vie sauvage
Dans le présent d'un nouveau matin.
Recréation du monde.

Il y a des rêves où l'on se sent très intelligent. On y discute d'égal à égal avec un ministre. On comprend ses préoccupations, on les partage, on risque des conseils judicieux qui sont bien reçus. Puis on se quitte en grande complicité intellectuelle.

La rue d'autrefois, morceau d'antan.
Comme elle est paisible.
Tout recommence.
Le fil conducteur, c'est la paix.
On peut trahir très vite et se couper du bonheur : gros mensonges, petites trahisons…
Mais le temps retisse la toile et l'on revit, cicatrisés par la Lumière.

Tu sors dans la rue et la rue te suffit. Chaque être apparaît dans sa vérité. C'est ça l'enfance.

Variations culinaires, au restaurant :
nous avons :
dessert ou fromage
fromage ou dessert
fromage sans dessert
dessert sans fromage
fromage et dessert
dessert et fromage.
Qu'est-ce que vous prenez Monsieur ?!
nous avons aussi :
farandole de fromages, ce sont des fromages qui dansent;
farandole de desserts, ce sont des desserts qui dansent;
farandole de fromages et desserts, les fromages sautent par dessus les desserts.
farandole de desserts et fromages, les desserts sautent par dessus les fromages.
Qu’est-ce que vous prenez Monsieur ??!!

2 commentaires:

  1. Bravo t'as réussi !!! tu voit t'est très fort !
    A demain !

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  2. j'aime vraiment beaucoup ces souvenirs et dérives, un peu moins touchée par la farandole de fromages mais il faut bien se reposer. csd

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