Zut alors, si le soleil quitte ces bords.
A.Rimbaud




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mardi 16 novembre 2010

métropolitain

Paroles de chanson d’une angoisse à faire rire


Ce métro roulait sans cesse
Et ne s'arrêtait jamais.
Ce métro roulait sans cesse,
Ah que nous étions serrés.
Le chauffeur // était mort //
D'une cri ise cardiaque
Et la peur, le remords,
Entendez nos dents qui claquent.

Métropo, métropo,
Métropolitain sans guide.
Métropo, métropo,
Métropolitain suicide.

Au secours, stoppez la rame,
Implorent les passagers.
Plus vite crie la marmaille,
Ravie de cette équipée.
Les fraudeurs que la peur glace
Font serment d'honnêteté,
Jurant de payer leur place
Dix fois le prix du ticket.

Métropo, métropo,
Métropolitain s'entête.
Métropo, métropo,
Métropolitain funeste.

Sur les quais la populace
Se masse pour voir passer,
Ravagées par le désastre,
Nos faces épouvantées.
Craignons que dans ces tunnels
D'une noirceur infernale
Un déraillement mortel
Arrête notre cavale.

Métropo, métropo,
Métropolitain s'enrage.
Métropo, métropo,
Métropolitain sauvage.

Mais voici // que soudain //
Notre métro sort de terre.
Ironie // du destin //
C'est à la station Bel Air.
La vitesse s'accélère,
C'est un métro T.G.V.
Précipitant vers l'enfer
Sa cargaison de damnés.

Métropo, métropo,
Métropolitain s'emballe.
Métropo, métropo,
Métropolitain fatal.

Saisi de frayeur extrême,
Dans un appel angoissé,
J'ai crié maman je t'aime...
Et je me suis réveillé.

lundi 1 novembre 2010

l'Offrande Lyrique


Voici, à l’occasion des fêtes de la Toussaint, quelques extraits de l’offrande Lyrique, recueil de poèmes d’inspiration mystique écrits par Rabindranath Tagore, illustre poète indien qui reçut le prix Nobel de littérature en 1913 et qui est considéré dans son pays comme un saint.

Vie de ma vie, toujours j’essaierai de garder mon corps pur, sachant que sur chacun de mes membres repose ton vivant toucher.
Toujours j’essaierai de garder de toute fausseté mes pensées, sachant que tu es cette vérité qui éveille la lumière de la raison dans mon esprit.
Toujours j’essaierai d’écarter toute méchanceté de mon cœur et de maintenir en fleur mon amour, sachant que tu as ta demeure dans le secret autel de mon cœur.
Et ce sera mon effort de te révéler dans mes actes sachant que c’est ton pouvoir qui me donne force pour agir.

Mon chant a dépouillé ses parures. Je n’y mets plus d’orgueil. Les ornements gêneraient notre union ; ils s’interposeraient entre nous, et le bruit de leur froissement viendrait à couvrir tes murmures.
Ma vanité de poète meurt de honte à ta vue. O Maître-Poète ! je me suis assis à tes pieds. Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique.

Dans la nuit de lassitude, permets que je m’abandonne sans lutte au sommeil et repose sur toi ma confiance.
Permets que mon esprit languissant ne s’ingénie pas à te préparer un culte dérisoire.
C’est toi qui tires les voiles de la nuit sur les yeux fatigués du jour, pour renouveler son regard au réveil dans une plus fraîche félicité.

Quel divin breuvage espères-tu, mon Dieu, de cette débordante coupe de ma vie ?
Mon poète ! est-ce là ton délice de voir ta création à travers mes yeux et, au parvis de mon oreille, d’écouter, silencieux, ta propre divine harmonie ?
A travers mon esprit, ton univers se tisse en paroles auxquelles ta joie communique la mélodie. Tu te donnes à moi par amour, et c’est alors qu’en moi tu prends conscience de ta suavité parfaite.

Quand nous jouions ensemble, jamais je n’ai demandé qui tu étais. Je ne connaissais ni timidité, ni frayeur ; ma vie était impétueuse.
Au petit matin, comme un franc camarade, tu m’appelais de mon sommeil et de clairière en clairière tu m’entraînais en courant.
En ce temps-là je ne m’inquiétais pas de connaître la signification des chansons que tu me chantais. Ma voix simplement reprenait les mélodies ; mon cœur dansait à leur cadence.
Mais à présent que l’heure des jeux est passée, quelle est cette vision soudaine ? L’univers et toutes les silencieuses étoiles se tiennent, pleines de révérence, les regards baissés vers tes pieds.


L’Offrande Lyrique est éditée chez Gallimard