Zut alors, si le soleil quitte ces bords.
A.Rimbaud




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lundi 10 mai 2010

Lucas et la grosse dondon de l'ile des malabars

A la demande de Djibril, je propose aux lecteurs cette aventure où le jeune Lucas fait preuve, une nouvelle fois, de son audace et de son intelligence

Il fait si chaud cet été à Banolin que les touristes passent toutes leurs journées dans l'eau. Ils y prennent même leurs repas, dans des assiettes en bois qui flottent à la surface de la mer.

Ce matin, Lucas part à la pêche très tôt pour être de retour avant la grande chaleur.
Quand il rentre au port, sa filoche pleine de poissons multicolores, le maire est là, sur le quai, qui l'appelle en faisant de grands gestes.

LE MAIRE
Viens vite Lucas. Il nous arrive une catastrophe !
Figure-toi qu'Aline, la géante de l'île des Malabars -celle qu'on appelle la grosse dondon- a décidé de se baigner.
Elle est si colossale qu'elle va faire monter le niveau de la mer de plusieurs mètres. Banolin sera submergé et nous périrons tous noyés !

La population, rassemblée autour du maire, regarde anxieusement vers l'île des Malabars où la dondon s'apprête à la baignade.
La voilà qui trempe l'un de ses énormes pieds dans la mer. Il est si gros qu'il soulève une vague gigantesque qui vient s'effondrer sur la promenade du bord de mer, au milieu des voitures, comme une cataracte.

LE MAIRE
Ce n'est qu'un début, Lucas ! Aline n'a fait que plonger son pied et déjà les quais sont inondés. Si elle se baigne toute entière, la mer va remonter jusqu'à Paris !

LUCAS
Ne nous affolons pas, Monsieur le Maire, et laissez-moi réfléchir cinq minutes.

LE MAIRE
Dépêche-toi Lucas !

Plusieurs banolinais proposent des solutions.
-Il faut envoyer un hélicoptère pour pêcher la grosse dondon avec des cordes et des crochets et l'emporter dans un désert.

LUCAS
Mais mon pauvre Pascal, Aline aplatirait l'hélicoptère entre ses mains comme un moustique !

-Il faut attirer des requins qui mordront la dondon et l'empêcheront de se baigner.

LUCAS
Tu n'y penses pas ma pauvre Sylviane. Quand ils verront la grosse Aline, les requins s'enfuiront épouvantés et se rabattront vers les plages pour dévorer les touristes.
Dites, Monsieur le Maire, cette Aline est bien une amoureuse de la nature, une écologiste renforcée ?

LE MAIRE
Oh! Oui Lucas ! La moindre goutte d'huile ou de pétrole sur la mer la met dans une rage folle.

LUCAS
Alors, c'est facile ! Nous allons l'arroser avec l'huile solaire dont se servent les estivants pour bronzer. Elle n'osera plus entrer dans l'eau de peur de la polluer.

-Les banolinais remplissent avec cette huile la vedette des pompiers.

LUCAS
Venez avec moi Monsieur le Maire, nous allons asperger la grosse Aline.

LE MAIRE
Mais Lucas, si elle nous voit dans ce bateau, d'un coup de pied elle le fait chavirer ! Et je me noie !!!

LUCAS
Allons ! Montez Monsieur le Maire ! La population vous regarde.

Quand ils sont près de l'île des Malabars, le maire et Lucas branchent la lance à incendie et projettent sur la dondon une trombe d'huile solaire.

ALINE
Qui a fait ça ?... Qui a fait ça ?... Pollution ! Pollution !

LUCAS
C'est nous pauvre Aline ! Vous voilà dégoulinante d'huile. Vous êtes une marée noire vivante !

ALINE
Maudit Lucas ! Je ne peux plus me baigner ! Cela tuerait les gentils, jolis, mignons, adorables petits poissons.
Débarrassez-moi de cette huile dégoutante qui transforme les parisiens en horribles lézards marron.

LUCAS
Vous commencez vous-même à bronzer, ma chère Aline.

ALINE
Petit monstre ! Moi qui suis si fière de ma peau, rose comme celle d'un cochon.

LUCAS
Je veux bien vous dégraisser, mais promettez-moi de ne pas vous baigner.

ALINE
Mais j'ai tellement chaud, Lucas !

LUCAS
Monsieur le Maire viendra tous les jours vous arroser d'eau fraiche avec le bateau-pompe.

LE MAIRE
Pourquoi moi, Lucas ?...

ALINE
J'accepte, mais dépêche-toi ! Ma peau devient jaune, je suis moins jolie.

Sur la plage de Banolin, les estivants, rouges de coups de soleil comme des écrevisses, réclament de l'huile à grands cris. Mais les banolinais ont vidé les magasins pour asperger la grosse dondon et les stocks sont épuisés.
Quand elle entend les lamentations des touristes, Aline éclate de rire et les insulte.
-Rentrez chez vous dans votre affreux nord, mauviettes qui fuyez le soleil du Bon Dieu, limaces de sable qui osez couvrir la belle musique des vagues par les crachotement de vos transistors !
-Aline, tais- toi ! dit le maire. Ce sont les touristes qui font la richesse de Banolin. S'ils s'en vont, nous redeviendrons pauvres comme avant, quand nous n'avions pour vivre que la pêche et quelques cultures de légumes et de fruits.
-Pauvres peut-être, conclut Lucas, mais plus fiers et sans doute plus heureux.